vendredi 26 mars 2010

Lecture du Bal des folles

Voici bientôt un an - dans mon billet daté du 12 mai 2009 – je vous livrais quelques extraits de l’article sur le Bal des folles qui était organisé chaque année à la Salpetrière où elles étaient enfermées. Gabriela Zapolska y avait été invitée et en avait fait le sujet d'une de ses chroniques. Celle-ci est parue dans un journal de Varsovie, en avril 1892.

Depuis ce mois-ci et jusqu’à l’arrivée de l’été, le théâtre du Nord>Ouest présente plus de 30 pièces sur le thème de l’enfermement : Des prisons et des hommes.

C’est en compagnie d’Antoinette Guédy et de France Farnel que je participerai à une lecture de ce texte de Zapolska. A deux reprises : le lundi 5 avril puis le mardi 25 mai.

Le Bal des folles à la Salpetrière, de Gabriela Zapolska, traduit du polonais par Luna Virol et Arturo Nevill.


A l’initiative de Jean-Luc Jeener, le théâtre du Nord>Ouest est un lieu privilégié de la vie théâtrale : depuis plusieurs années, il y fait alterner l’intégrale des œuvres d’un auteur – ces mois derniers c’était August Strindberg, bientôt ce va être Eugène Labiche, puis une saison thématique – ainsi actuellement Des prisons et des hommes. Il est fréquent que des membres de la profession et des amoureux du théâtre prennent un abonnement pour pouvoir assister à autant de pièces qu’ils le souhaitent pendant une saison.

lundi 8 mars 2010

Jour de la Femme


"Le devenir de la libération des femmes est trop lié à l’évolution de l’humanité dans son ensemble. Mais les femmes représentent une force considérable." C’est sur cette phrase que Gabriela Zapolska termine l'article qu'elle destine à un journal varsovien, sur le Congrès international des Femmes qui vient de se tenir à Paris en mai 1892.

Marquée et humiliée, suite à un mariage malheureux, Zapolska a voulu réaliser son rêve : faire du théâtre. En même temps, elle a découvert qu’elle aimait écrire. Ces deux passions l’accompagneront le long de sa vie. Très vite, elle comprend que, éphémère, le théâtre dépend de sa santé et des opportunités qui se présentent. L’écriture, se dit-elle, perdure dans le temps. "Les paroles s’envolent, les écrits restent." disent les sages. Ce que Zapolska traduit ainsi : "Lorsque je pense à George Sand, il me semble qu’elle n’est pas morte, qu’elle vit quelques rues plus loin, géniale et superbe. Et lorsque je pense à Rachel, je ne vois que ses ossements dans un cercueil."

L’écriture lui permet de s’exprimer et d’évoquer notamment le sort fait aux femmes. Dès ses premiers écrits, il est question de la condition qui est la leur au 19ème siècle. Vers la fin de sa vie, dans les années 1910, elle reviendra à des sujets personnels, qu’elle avait probablement dû taire. Elle réécrit ses nouvelles sous forme de pièces du théâtre : leurs héroïnes, "Kaska Kariatyda" (Catherine la Cariatide) ou "Malaszka", racontent la lente déchéance des femmes abusées et manipulées par des hommes, enfermées dans les traditions et dans le "qu’en dira-t-on" de la société.

Sensible à leurs souffrances, Zapolska décrit des situations "dont on ne veut même pas parler". Surnommée la "Zola polonaise" par la critique, avant même que d’avoir mis les pieds en France, elle raconte à vif, "d’une manière naturaliste", leur vie. Sans être véritablement militante, elle plaide en faveur des femmes et dépeint une société faite par les hommes et pour les hommes. Elle sera à côté des femmes pour les défendre – ce qui n’empêche pas, d’une plume aigüe et avec humour, d’en égratigner quelques unes. Et en ce qui concerne les hommes, elle "leur arrache leurs plumes de paon."

Née en 1857, Gabriela Zapolska a vécu pendant la seconde moitié du 19ème siècle et au début du 20ème. Elle est donc d’une génération postérieure à celle de Rachel et de George Sand. Ces deux personnalités ont vécu l’essentiel de leur vie en France – on peut noter néanmoins quelques passerelles avec la Pologne.
Comédienne de renom, la première meurt alors que Zapolska n’a pas encore un an. Rachel avait eu un second fils du comte Walewski – enfant naturel de Napoléon 1er et de Maria Walewska. Elle était venue jouer à Varsovie en 1854 où Jozefa Karska, mère de Zapolska avait été danseuse à l’Opéra.
Quant à George Sand – dont on sait les années passées avec Chopin – son décès correspond à l’année où Zapolska se marie – 1876.