lundi 8 mars 2010

Jour de la Femme


"Le devenir de la libération des femmes est trop lié à l’évolution de l’humanité dans son ensemble. Mais les femmes représentent une force considérable." C’est sur cette phrase que Gabriela Zapolska termine l'article qu'elle destine à un journal varsovien, sur le Congrès international des Femmes qui vient de se tenir à Paris en mai 1892.

Marquée et humiliée, suite à un mariage malheureux, Zapolska a voulu réaliser son rêve : faire du théâtre. En même temps, elle a découvert qu’elle aimait écrire. Ces deux passions l’accompagneront le long de sa vie. Très vite, elle comprend que, éphémère, le théâtre dépend de sa santé et des opportunités qui se présentent. L’écriture, se dit-elle, perdure dans le temps. "Les paroles s’envolent, les écrits restent." disent les sages. Ce que Zapolska traduit ainsi : "Lorsque je pense à George Sand, il me semble qu’elle n’est pas morte, qu’elle vit quelques rues plus loin, géniale et superbe. Et lorsque je pense à Rachel, je ne vois que ses ossements dans un cercueil."

L’écriture lui permet de s’exprimer et d’évoquer notamment le sort fait aux femmes. Dès ses premiers écrits, il est question de la condition qui est la leur au 19ème siècle. Vers la fin de sa vie, dans les années 1910, elle reviendra à des sujets personnels, qu’elle avait probablement dû taire. Elle réécrit ses nouvelles sous forme de pièces du théâtre : leurs héroïnes, "Kaska Kariatyda" (Catherine la Cariatide) ou "Malaszka", racontent la lente déchéance des femmes abusées et manipulées par des hommes, enfermées dans les traditions et dans le "qu’en dira-t-on" de la société.

Sensible à leurs souffrances, Zapolska décrit des situations "dont on ne veut même pas parler". Surnommée la "Zola polonaise" par la critique, avant même que d’avoir mis les pieds en France, elle raconte à vif, "d’une manière naturaliste", leur vie. Sans être véritablement militante, elle plaide en faveur des femmes et dépeint une société faite par les hommes et pour les hommes. Elle sera à côté des femmes pour les défendre – ce qui n’empêche pas, d’une plume aigüe et avec humour, d’en égratigner quelques unes. Et en ce qui concerne les hommes, elle "leur arrache leurs plumes de paon."

Née en 1857, Gabriela Zapolska a vécu pendant la seconde moitié du 19ème siècle et au début du 20ème. Elle est donc d’une génération postérieure à celle de Rachel et de George Sand. Ces deux personnalités ont vécu l’essentiel de leur vie en France – on peut noter néanmoins quelques passerelles avec la Pologne.
Comédienne de renom, la première meurt alors que Zapolska n’a pas encore un an. Rachel avait eu un second fils du comte Walewski – enfant naturel de Napoléon 1er et de Maria Walewska. Elle était venue jouer à Varsovie en 1854 où Jozefa Karska, mère de Zapolska avait été danseuse à l’Opéra.
Quant à George Sand – dont on sait les années passées avec Chopin – son décès correspond à l’année où Zapolska se marie – 1876.

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