Un livre en hommage à la mère m’a touchée.
L’auteur, Frédéric Brun, chemine à travers ses souvenirs et ses réflexions, accompagne sa mère en Pologne, à Olkusz, près de Cracovie où vivait jadis sa famille, puis à Auschwitz et en France. Il tente de comprendre et de reconstruire le vécu de sa mère, Perla. Elle a eu à subir la vie dans un camp nazi avec, pour séquelles, une dépression qui ne l’a pas quittée pendant des longues années.
"Perla, ma mère, par une belle journée de 1944, tenta de fuir une horde de SS qui la poursuivait. Une fois arrêtée, elle se retrouva entassée avec des femmes, des hommes et des enfants dans un wagon à bestiaux. A peine arrivée, elle se présenta devant cet homme nommé Mengele. Ce médecin élégant décidait en un instant du destin de milliers de gens. Il lui suffisait de tendre sa main dans une direction. A droite, c’était le four crématoire, à gauche, le droit de vivre, l’espoir.
Mengele la regarda rapidement. Après un examen express de la santé, le sort d’un prisonnier était réglé. Perla ne souffrait de rien, mais un petit bouton avait surgi sur son visage. Il hésita, tendit négligemment sa main vers la droite. Elle était belle. Il changea d’avis. Il y a tant d’indulgence pour la beauté. Il pointa son doigt vers la gauche."
S’émerveillant devant un tableau d’un romantique, puis d’écrits admirables de philosophes et écrivains allemands, Fréderic Brun se pose la question : "Comment ces mots, qui ont servi à exprimer une poésie magique et éternelle, ont pu devenir si rudes, si secs et si cruels ? […] Séparation cruelle, mondes parallèles ! Qu’y a-t-il à retenir de la Shoah ? Le diable est en l’homme, mais le bien, finalement, a-t-il triomphé du mal ? […] L’être humain est si complexe. Il peut être raffiné, cultivé et bestial en même temps. […] Comment l’humanité a-t-elle pu produire Auschwitz et Novalis ? J’ai beau retourner cette question dans tous les sens, je ne trouve pas de réponse. Personne ne peut y répondre."
En rendant l’hommage à sa mère, Fréderic Brun nous livre l’hymne à la vie et l’amour immense pour un être cher.
"Je garde sa photo sur papier glacé dans mon portefeuille. Le sourire angoissé de ses dernières années. Pourquoi faut-il toujours l’absence pour amplifier l’amour ?"…
Le style de la narration de ce livre révèle une grande sensibilité chez l’auteur et sa quête de rendre à sa mère un témoignage d’amour posthume est intense. J’imagine déjà une future lecture d’extraits de ce texte devant le public.
« Perla » de Frédéric Brun est paru chez Stock, dans la collection La Bleue, et a reçu le Goncourt du premier roman en 2007 – il a depuis été publié en Livre de Poche. Sont venus ensuite : « Le roman de Jean » puis « Une prière pour Nacha » (Prix 2010 des Écrivains croyants).
L’auteur, Frédéric Brun, chemine à travers ses souvenirs et ses réflexions, accompagne sa mère en Pologne, à Olkusz, près de Cracovie où vivait jadis sa famille, puis à Auschwitz et en France. Il tente de comprendre et de reconstruire le vécu de sa mère, Perla. Elle a eu à subir la vie dans un camp nazi avec, pour séquelles, une dépression qui ne l’a pas quittée pendant des longues années.
"Perla, ma mère, par une belle journée de 1944, tenta de fuir une horde de SS qui la poursuivait. Une fois arrêtée, elle se retrouva entassée avec des femmes, des hommes et des enfants dans un wagon à bestiaux. A peine arrivée, elle se présenta devant cet homme nommé Mengele. Ce médecin élégant décidait en un instant du destin de milliers de gens. Il lui suffisait de tendre sa main dans une direction. A droite, c’était le four crématoire, à gauche, le droit de vivre, l’espoir.
Mengele la regarda rapidement. Après un examen express de la santé, le sort d’un prisonnier était réglé. Perla ne souffrait de rien, mais un petit bouton avait surgi sur son visage. Il hésita, tendit négligemment sa main vers la droite. Elle était belle. Il changea d’avis. Il y a tant d’indulgence pour la beauté. Il pointa son doigt vers la gauche."
S’émerveillant devant un tableau d’un romantique, puis d’écrits admirables de philosophes et écrivains allemands, Fréderic Brun se pose la question : "Comment ces mots, qui ont servi à exprimer une poésie magique et éternelle, ont pu devenir si rudes, si secs et si cruels ? […] Séparation cruelle, mondes parallèles ! Qu’y a-t-il à retenir de la Shoah ? Le diable est en l’homme, mais le bien, finalement, a-t-il triomphé du mal ? […] L’être humain est si complexe. Il peut être raffiné, cultivé et bestial en même temps. […] Comment l’humanité a-t-elle pu produire Auschwitz et Novalis ? J’ai beau retourner cette question dans tous les sens, je ne trouve pas de réponse. Personne ne peut y répondre."
En rendant l’hommage à sa mère, Fréderic Brun nous livre l’hymne à la vie et l’amour immense pour un être cher.
"Je garde sa photo sur papier glacé dans mon portefeuille. Le sourire angoissé de ses dernières années. Pourquoi faut-il toujours l’absence pour amplifier l’amour ?"…
Le style de la narration de ce livre révèle une grande sensibilité chez l’auteur et sa quête de rendre à sa mère un témoignage d’amour posthume est intense. J’imagine déjà une future lecture d’extraits de ce texte devant le public.
« Perla » de Frédéric Brun est paru chez Stock, dans la collection La Bleue, et a reçu le Goncourt du premier roman en 2007 – il a depuis été publié en Livre de Poche. Sont venus ensuite : « Le roman de Jean » puis « Une prière pour Nacha » (Prix 2010 des Écrivains croyants).