lundi 1 septembre 2008

Pastorałka

A peine les Fêtes de la Nativité et de la Nouvelle Année viennent de se terminer. L'étoile qui avait mené les bergers puis les trois Mages vers l'étable où l'enfant Jésus a reposé sur le foin, a pâli. Attirés par la lueur de cette étoile, ils étaient partis à la recherche du lieu saint. Mais, ici, Bethlehem se trouve près de Cracovie. Tel est le thème - pluridimensionnel - de la Pastorale du Polonais Leon Schiller - un chef-d'œuvre produit à un moment où la Pologne vient de recouvrer son indépendance.

L'auteur avait étudié les chants, les coutumes du Moyen-âge et du 18ème siècle, ainsi que le folklore. Il débute en 1919 par une Szopka staropolska (une crèche polonaise de jadis). Il ajoute des éléments musicaux qui en enrichissent les thèmes - laïques et religieux entremêlés. C'est le théâtre Reduta qui joue cette pièce, trois ans plus tard. En 1923-1924, Schiller en donne une nouvelle version, en neuf tableaux : La chute d'Adam et Eve ; L'Annonciation ; Marie et Joseph cherchent un abri ; L'Adoration des Anges ; Actus pastoralis ; L'Adoration des bergers ; Hérode-le-cruel ; L'Adoration des Rois ; Le Châtiment d'Hérode.

Pastorałka est un drame où la musique fait la jonction entre les différentes parties dialoguées, complète l'action et la souligne. Schiller a puisé dans les chants anciens de Kolberg et de Mioduszewski ; il a fouillé dans des documents de la Bibliothèque Jagiellon à Cracovie ; il a mis en évidence des perles du patrimoine polonais - ce qui a permis de créer une atmosphère unique. Avec Andrzej Pronaszko comme scénographe, Leon Schiller a proclamé la nécessité de réformes au théâtre : unité de la forme et du texte, interpénétration entre scénographie, mise-en scène et jeu de l'acteur. Les costumes doivent à l'imagination du scénographe, pour créer une sorte de sculpture vivante. La lumière doit se concentrer sur l'acteur uniquement. L'action débute sur proscénium. L'espace où évoluent les acteurs et l'endroit où se trouvent les spectateurs devaient former un seul ensemble...

Ma Professeur, Stanisława Perzanowska (une ancienne de Reduta), avait choisi cette pièce pour notre diplôme de la fin de la dernière année de Conservatoire. C'est une fois passée cette épreuve qu'il nous était permis de rejoindre les scènes nationales et d'avoir droit à l'appellation d'artistes (et encore !). Certains jouaient plusieurs rôles. Je me souviens de Jan Englert jouant Lajkonik et celui du Juif ; Eve, l'Âne, les Anges... par Basia Sołtysik, Jola Wołłejko, Ela Nowacka... Marian Opania, Andrzej Zaorski et d'autres dans le rôle de Bergers. Madame Perzanowska m'avait confié le rôle de la Sainte Vierge - que j'ai joué émue et heureuse. Le spectacle de la fin d'année attirait des directeurs du théâtre et de nombreux spectateurs. L'action se déroulait dans des mansions (compartiments scéniques). Les costumes étaient d'inspiration baroque. Les personnages de la Mort, d'Hérode, du Diable... gardaient le caractère de ceux d'une crèche traditionnelle de Cracovie. Nous devions apparaître comme d'authentiques gens venus du peuple qui, la nuit de Noël, se promènent sur la neige à la suite d'une étoile brandie par ceux qui sont en tête, et qui chantent devant les habitants des villages et de la campagne environnante. Ce fut une réussite.

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