lundi 15 septembre 2008

Mime

Alors que je commençais à percer sur la scène varsovienne, mon mari décide de s'installer en France... et moi à le suivre. Ne connaissant pratiquement pas la langue, je me rends rapidement compte de l'étendue du désastre : il me faudra du temps avant de pouvoir monter de nouveau sur scène. Seule solution qui s'impose : le mime. Une amie, Américaine relativement aisée, me paie des cours chez Jacques Lecoq. Même pour de simples exercices de respiration, je confondais les mots : inspirez, expirez - et je m'ennuyais. Ce n'est qu'en fin d'année que, à l'occasion d'un travail consistant à reproduire des animaux, des poissons, des minéraux, des éléments naturels comme le feu, le vent, l'orage, etc. j'ai choisi l'albatros. Jacques Lecoq a aimé mon oiseau et les élèves ont apprécié. Je me suis sentie décoller lourdement du sol, et puis m'envoler !

Voler ! Mais si nous avions, certes, étudié le mime au Conservatoire, ce n'était qu'une discipline parmi d'autres : tout comme l'escrime, le chant, la danse... J'ai compris que, même si elle me permettait de faire l'impasse sur l'expression par la parole, en français, ce ne serait pas ma tasse du thé. Une Colombine que j'incarnais - toujours dans le cadre du travail des élèves - accrochant du linge sur un fil invisible, et portant un seau, a été filmée et présentée à la télévision. Mais de cela faire un métier, je n'y pensais pas !

A mes yeux, il n'y avait que le mime Marcel Marceau, connu en Pologne, pour incarner la perfection et la création d'un personnage, au point d'en faire un vrai métier. J'ai eu la chance de le connaitre personnellement. Sa femme était Ela Jaroszewicz, étoile du théâtre de mime fondé par Tomaszewski à Wrocław. Ils m'ont invitée chez eux, dans les alentours de Paris. Ella m'a proposé de travailler avec elle dans les salles attenantes au théâtre de Champs-Élysées. Mais quatre ans d'études sur les textes, les auteurs, les styles... avaient laissé leur empreinte au cours de ma formation initiale : mon ambition restait de pouvoir parler sur scène - sans oublier de bouger, chanter, rire, pleurer, comme l'exige le répertoire si vaste du théâtre.

Un an plus tard, j'apprends l'existence du théâtre de la Cité Universitaire, dirigé par A.L. Perinetti. J'y débarque. Je découvre les ateliers de création et l'ouverture à d'autres styles de jeu. Je fais des rencontres avec des gens intéressants. Y compris s'agissant du mime ! Marcel Decroux ! Lorsque celui-ci monte son spectacle : La Violence, je peux en faire partie. Autre expérience du jeu du corps, dans Antigone d'après Sophocle, au Théâtre 91 de Malakoff, par la Compagnie Charbonnier-Kayath. Là, au moins, il y avait du chant ! Un choeur antique dont je faisais partie... qui court après la bataille et entonne des mélopées... Nous avons joué (sous la pluie) lors du Festival Méditerranéen, en Algérie, dans le théâtre romain qui s'élève parmi les ruines de Timgad, devant deux mille spectateurs. Ce fut ma dernière expérience du mime sur scène.
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