jeudi 5 mars 2009

A propos des femmes



Dans quelques jours, le 8 mars, la Fête de la Femme. Moi aussi, je vais acheter une rose blanche - à l'appel médiatique d'un groupe de femmes souriantes sur un plateau de télévision. L'argent récolté permettra à d'autres femmes, aux moyens faibles, de s'instruire. Vaste programme qui ne date pas d'hier, loin s'en faut - et ce n'est qu'une goutte d'eau.

"L'élément féminin adoucit les mœurs dans le monde" - lance un journal polonais, publié à Paris...

Mon double regard décèle une différence entre le statut de la femme en France et en Pologne. Dans le passé, lors des partages de la Pologne, les femmes polonaises ont eu à défendre la langue de leur pays, et leur famille. Elles ont été obligées de remplacer les hommes lorsque ceux-ci étaient obligés de partir. Le modèle de vie de la femme polonaise lui a néanmoins permis de défendre sa position professionnelle au cours de ces périodes difficiles, et à assumer amplement sa féminité, sans pour autant d'être considérée comme femme futile, voire de mauvaise vie.

Depuis longtemps déjà (dès l’indépendance de la Pologne après la 1ère Guerre mondiale), elle est juridiquement l’égale de l'homme. Certes, lorsque Napoléon est passé en Pologne, il a laissé sa marque : le Code Civil. Mais quand même… ce qui m'a frappé à l'époque où je suis arrivée en France - dans des années 70 – ce fut de voir les femmes obligées de faire la révolution pour se faire entendre. C'était le manque d'espace pour leurs ambitions qui m'a le plus étonné : j'ai rencontré plusieurs jeunes femmes dont le but était de devenir secrétaire dans un bureau.

Et jusqu'au début de ces mêmes années 70, il était impensable de remettre en cause une paternité usurpée par le chef de famille ! L'enfant né dans un foyer non dissout juridiquement - recevait automatiquement la filiation et le patronyme du mari légal. Et si la femme avait la mauvaise idée d'avouer ouvertement que l'enfant était d'un autre homme (situation qui se produit parait-il fréquemment en France), et qu’elle voulait divorcer avec pour perspective de régulariser la situation de l'enfant, elle devait craindre – au risque de se faire accuser d'adultère - de se faire enlever son propre enfant, si le faux-père le réclamait ! Elle n'avait pas droit à la parole, elle était indigne ! C’est le Code Napoléon que l’on appliquait ainsi scrupuleusement !

Remontons au 19ème siècle. En mai 1892, s’est tenu un Congrès international des Femmes, à Paris, dans des bâtiments de l'actuelle Mairie du 6ème arrondissement. Zapolska en rend compte pour des journaux polonais :


"Mais voici qu'on entend beaucoup de bruit et qu'un cri retentit. Il s'agit de la recherche en paternité - question soulevée à la tribune et qui provoque un ouragan de protestation de la part de quelques hommes [et] malgré les signes de désapprobation venant de toutes les femmes. Les hommes qui prennent passionnément part à ce débat ont envahi l'estrade. Avec brutalité et avec cette force qui se manifeste de façon si admirable, dès lors qu'il s'git de défendre leurs droits, ils justifient leurs comportements de Don Juan qui ne sont pas sanctionnés, et leurs passades, d'un seul jour parfois. Après quoi il ne leur reste... qu'un souvenir (!) - chose d'une poésie ineffable, alors qu'aux femmes il ne reste souvent que les larmes, le désespoir, la maladie, la misère et... l'enfant !"
[...]
"Prostitution et recherche en paternité, tels ont été deux temps forts de ce congrès. On y a, par ailleurs, protesté contre les guerres et, dans son discours, Monsieur Richer a souligné l'attitude pacifique des femmes. On s'est aussi occupé d'analyser très sérieusement le problème de l'inégalité de salaires que les femmes reçoivent pour leur travail, par comparaison avec celui des hommes [...] On a voté pour que plus de crèches soient ouvertes, afin de faciliter l'éducation des enfants par leur mère."
[...]
"Comme nous le voyons, ce congrès avait pour objectif d'améliorer effectivement le sort des femmes. Il va de soi que l'on n'y est pas totalement arrivé. Le devenir de la libération des femmes est trop lié à l'évolution de l'humanité dans son ensemble."
[...]
C'était donc à la fin du 19ème siècle...
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