En 1893, Gabriela ZAPOLSKA part en Bretagne :
c’est là où elle va faire connaissance du peintre Nabi, Paul SÉRUSIER.
Lorsqu’elle arrive à Roscoff, où elle essaye de se
refaire une santé, ZZAPOLSKA rencontre des Français et des Anglais qui sont
venus en Bretagne, comme elle. Avec les Anglais – qui étaient plus amusants – ZAPOLSKA se distrait. Mais la bourgeoisie française n’a aucune sensibilité
artistique […] Il faudrait que j’adhère à leurs idées saugrenues et j’ai
parfois la sensation d’étouffer.
ZAPOLSKA s’ennuie avec eux.
Ce coin de Bretagne est sauvage et dépeuplé (…) La mer
est splendide et le paysage superbe. Quand, par nuit de pleine lune, la mer se
déchaine contre le rivage, mon âme veut s’échapper loin de moi pour aller vers
le vaste monde ! Pour aller vers une vie meilleure, sans souci du
lendemain.
ANTOINE, mon directeur du Théâtre Libre, me propose
une excursion en Bretagne, avec lui et sa
dame. Si seulement j’avais de l’argent, j’irais volontiers. (…) Je me suis
acheté une boite de peinture et j’ai peint des croûtes , des paysages
marins bleus. (…) Plus je regarde la mer, plus je trouve qu’aucun peintre n’est
capable de bien rendre la mer, sans utiliser des couleurs or et argent.
N’est-ce pas ? (Lettre à Stefan LAURYSIEWICZ, son
ami)
Le 23 août 1893 ZAPOLSKA écrit de nouveau à LAURYSIEWICZ,
cette fois depuis Huelgoat : Il
y a ici beaucoup de peintres. Je me suis liée avec un groupe de symbolistes (tu
sais, ceux, dont les tableaux que nous regardions pendant l’exposition me
faisaient rire alors que toi, tu les regardais avec sérieux). Ils sont ici. Ils
portent des sabots et les mêmes habits que les paysans, fument la pipe et
discutent sans cesse de tons, de couleurs. Tu ne peux vraiment pas avoir idée à
quel point ces morceaux et ces ensembles dont
ils parlent sont beaux. (…)
J’ai un grand tableau que m’a donné ANTOINE :
entièrement peint avec des points –cela va faire sensation à Varsovie. J’aurais
aimé avoir un tableau de ces symbolistes, peint en trois couleurs seulement, où
l’on voit de petits monstres. Comme ça. Cela doit représenter un orage, ou bien
un enterrement, ou quelque chose de semblable. Ça n’a pas d’importance.
Est-ce que tu sais, Dziudek, qu’ils font tout ça en y
croyant sincèrement, je t’en donne ma parole. Ils portent des robes blanches,
des chevalières en or et ils s’appellent entre eux : les Nabis. Ils disent
qu’ils ont un rubis dans leur nombril. Mais ce n’est qu’un symbole : c’est
un rubis moral. Par moments, je me demande qui est plus fou ici : moi ou
eux ? Et parfois je pense que c’est moi. Je les décrirai dans ma prochaine
Lettre pour Przegłąd Tygodniowy (hebdomadaire polonais à Varsovie).
ZAPOLSKA restera à Huelgoat jusqu’au 15 septembre.
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