Un mois plus tard ZAPOLSKA écrit à Stefan LAURYSIEWICZ,
qu’elle va venir à Varsovie pour trois semaines, qu’elle a discuté à ce sujet
avec son futur mari, Paul SÉRUSIER, et qu’il est d’accord.
Elle cherche à prendre des notes pour son nouveau roman Perpetuum mobile.
(…) Elle lui annonce qu’elle a changé de couleur de cheveux : ils sont
blonds dorés.
(…) je ne sais plus lutter ou désire quelque chose.
Je suis comme une feuille que le vent emporte. J’ai besoin de confort, de
caresses, de me faire plaisir-en un mot, je me repose moralement et
physiquement. Je suis devenue oisive et un peu capricieuse.
Ne regrette pas que ce ne soit pas moi qui deviendrai
ta compagne. (…) Écris-moi, tu ne seras jamais importun, au contraire. Je serre
cordialement ta main.
Sincèrement. Z.
Le 2 avril 1894, ZAPOLSKA écrit à A. WISLICKI qu’elle
changé d’adresse pour le 4 de la rue Tourlaque, à Montmartre.
Le 11 juin 1894, Zapolska répond à Stefan
LAURYSIEWICZ, depuis Châteauneuf-du-Faou :
Je ne sais pas comment tu comprends ce qu’est le
mysticisme et ce qu’est pour toi l’immortalité de l’âme. Moi, ici, je suis
gavée de philosophie. J’en entends parler (de la part de SÉRUSIER) et le jour
et la nuit. Je lis beaucoup et je me suis fabriqué une opinion qui change selon
que je regarde les étoiles ou une souris morte. Tu te souviens à quel point
j’avais peur des morts ? Eh bien ! Aujourd’hui, pas du tout.
Moi aussi j’habite près d’un cimetière (celui de
Montmartre). Depuis la place Clichy, en prenant le boulevard à gauche, il y a
une grande rue, la rue Caulaincourt et, tout près, une autre plus petite, la
rue Tourlaque. C’est là où j’habite, au numéro 4, au 3ème étage.
J’ai un très joli appartement pour 700 francs.
Le salon est adorable – rouge foncé – et tous les
meubles ont été changés. J’ai un bureau sculpté, une très jolie chaise longue
chinoise brodée, une bibliothèque, des chaises turques faites de parchemin, des
fauteuils de marbre du Tonkin et plusieurs petits tapis asiatiques qui sont
authentiques. Dans le salon, il y a une fenêtre double avec des vitres colorées,
serties de plomb.
Ma chambre à coucher est de style anglais ; les
murs sont couverts d’un papier de couleur vert pâle et un galon, avec des roses
pour motif, court près du plafond. Au-dessus du lit, il y a des voiles blancs
en mousseline ; aux fenêtres, de grands rideaux blancs ; une chaise
longue en rotin ; un fauteuil et des guéridons.
Ma salle à manger est tapissée d’un tissu en laine
couleur or et jaune, le plafond aussi. Le buffet et l’armoire sont bretons. Le
tapis est de couleur saphir et des tabourets sont sculptés. Le cabinet de
toilette est rouge avec des motifs qui représentent des éventails.
Lorsque je reviendrai, je ferai installer la baignoire
car j’ai le gaz. L’appartement est propre, clair et agréable. Hortense (Hory,
sa femme de ménage) est toujours là. (…).
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